Revalorisations indemnitaires : propos liminaire du SNUTER-FSU au CST du Conseil régional Centre Val de Loire

Coordonnées

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les membres du CST, Chers collègues,

La FSU a pris la décision de signer l’accord sur les revalorisations indemnitaires. Cette signature n’est pas une adhésion de principe à l’ensemble des choix faits, encore moins une marque de satisfaction. C’est un acte responsable, motivé par le souci de garantir des avancées immédiates pour les agents de notre collectivité, aussi modestes soient-elles.
Mais que les choses soient claires : notre signature n’éteint pas la critique. Elle ne vaut pas approbation globale de la politique menée. Elle n’efface ni les insuffisances de l’accord, ni les inégalités persistantes, ni le manque de courage politique dans l’approche choisie.

Nous tenons donc aujourd’hui à faire entendre notre voix, avec lucidité, avec fermeté, et avec le soutien de très nombreux agents. Nous traversons une crise sociale d’ampleur historique. L’inflation, bien que légèrement ralentie, a durement entamé le pouvoir d’achat des agents publics ces trois dernières années. L’énergie, les loyers, l’alimentation, les transports : tout augmente. Mais pas nos salaires.
Les agents territoriaux, et plus encore ceux de catégorie C, vivent une perte nette de niveau de vie. À titre d’exemple, l’évolution du point d’indice reste très largement inférieure à l’inflation cumulée depuis 2010. Il faut avoir le courage de dire que la fonction publique territoriale s’appauvrit, et qu’au sein de celle-ci, ce sont les plus modestes qui s’effondrent les premiers.
Les fins de mois sont difficiles. Certains agents doivent avoir recours à des aides sociales, parfois même à l’aide alimentaire. Cela, dans une collectivité censée porter les valeurs de solidarité et d’exemplarité. Dans ce contexte d’urgence sociale, nous attendions une réponse forte, prioritaire, en direction des agents les plus précaires. Ce n’est pas ce qui a été fait.

L’accord validé met l’accent sur les catégories A, au détriment des agents de catégorie C. Le rééquilibrage entre filières n’a pas été engagé. Et les différences de traitement s’accentuent. Nous ne contestons pas que les agents de catégorie A aient aussi des besoins. Mais ce que nous dénonçons, c’est le renversement des priorités : on a privilégié l’attractivité statutaire au détriment de la justice sociale.

Nous ne voulons pas d’un modèle managérial qui valorise avant tout les cadres, les chefs de service, les fonctions de direction, pendant que ceux qui assurent la logistique, l’entretien, la restauration scolaire ou l’accueil du public sont relégués, invisibilisés, oubliés.

Nous avons, avec l’intersyndicale, porté une pétition. Celle-ci a été massivement signée par la catégorie C. Elle exprimait un message simple : « nous voulons vivre dignement de notre travail. » Mais ce message, ni la majorité politique ni l’administration ne l’ont entendu à sa juste mesure. Le résultat de la négociation n’a pas traduit cette mobilisation. C’est un choix politique, et nous le contestons. Nous attendons autre chose que de simples ajustements budgétaires.

Notre conception du service public repose sur trois piliers : égalité, reconnaissance, dignité. Nous affirmons que la reconnaissance des agents doit commencer par les plus exposés, les plus précaires, les
plus invisibles. Ce sont eux qui tiennent les services à bout de bras. Ce sont eux qui assurent, jour après jour, le bon fonctionnement de nos établissements scolaires, la continuité du service aux usagers, le lien social dans les territoires.

Récompenser la technocratie tout en négligeant les agents de terrain, c’est faire le choix d’une fonction publique à deux vitesses. C’est tourner le dos à l’intérêt général. Nous ne lâcherons pas.
Nous exigeons que les prochaines négociations, notamment sur le temps de travail, les conditions de travail et les dispositifs indemnitaires, soient bâties à partir des réalités de terrain, et non des seules logiques de pilotage RH.

Nous demandons :

  • Une véritable revalorisation des bas salaires, au-delà du minimum légal ;
  • Une meilleure reconnaissance des sujétions spécifiques (polyvalence, mobilité, horaires décalés) ;
  • Une politique ambitieuse de résorption de la précarité, notamment par la titularisation.

Enfin, nous appelons à une remise à plat des grilles et des primes, pour mettre fin aux inégalités internes entre filières et entre agents.
La FSU restera mobilisée, combative, et exigeante. Nous voulons un service public fort, égalitaire, solidaire, à la hauteur des défis sociaux et environnementaux de notre temps. Et cela ne pourra se faire sans des agents respectés, protégés, et justement rémunérés.

Je vous remercie

Nos publications
SV Juin 2024
Toutes les publications