Monsieur le président, Mesdames et Messieurs de la majorité départementale,
Il est attendu d’un exécutif départemental qu’il affiche un soutien indéfectible aux missions de service public qu’il est censé organiser, qu’il montre du respect pour les milliers d’agent-es qui tous les jours portent haut leur engagement professionnel, qu’il défende les Héraultais-es dans leur diversité et leurs fragilités. Vous aimez rappeler que le département est le chef de file de l’action sociale, il lui incombe donc d’aider les plus précaires en versant le RSA, les personnes âgées en versant l’APA et celles porteuses d’un handicap en versant l’AAH et l’AEEH et en plaçant face au public un personnel qualifié et en nombre suffisant.
- Parce que la mission de protection de l’enfance lui est confiée.
- Parce que l’avenir des adolescent-es lui incombe par l’intermédiaire des collèges et le soutien aux politiques de jeunesse.
- Parce que la lutte contre l’isolement de nombre de nos concitoyens passe par la qualité et l’entretien de son réseau routier…
Toutes ces missions sont servies par les agents de la collectivité que vous devez rassurer dans ces moments difficiles.
Certes Monsieur le président et Mesdames et Messieurs de l’exécutif, vous n’êtes pas responsables de la crise économique qui aujourd’hui sévit et grève le budget de la collectivité.
Certes vous avez perdu la clause de compétence générale et la possibilité de réguler une bonne partie des recettes de la collectivité. Certes l’État vous déconsidère et ne finance pas à la hauteur de ce qu’il devrait depuis des années et vous fait porter une responsabilité qui ne vous appartient pas.
Mais dans la tempête, il est attendu d’un capitaine qu’il prenne soin de son équipage et de ses passagers, et qu’il affiche clairement auprès d’eux sa prétention à les défendre, fût-ce au détriment de ses propres intérêts.
Et quelle réponse nous livrez-vous aujourd’hui ? Une délégation de votre responsabilité de l’annonce des temps difficiles au Directeur Général des Services qui, dans une mise en scène aussi surprenante qu’anxiogène, ne peut concrètement évoquer les orientations politiques qui vous appartiennent et ces fameuses « annonces » que vous avez préférées réserver à des journalistes locaux plutôt qu’à vos personnels.
Il est insupportable d’avoir semé de la sorte la peur et l’incertitude du lendemain et notamment pour les 25% de personnels contractuels qui composent le service public de la collectivité.
Il est intolérable que les intervenantes sociales en commissariat et gendarmerie, qui depuis des années luttent contre les violences intrafamiliales dans des conditions de travail déplorables, apprennent par presse interposée la perte à venir de leur fonction.
Il est déshonorant, à quelques jours de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, pour information le 25 novembre, que les Héraultaises victimes de violences conjugales apprennent par les journaux que le département de l’Hérault n’assurera plus leur protection minimale parce qu’il renvoie cette mission à un État qu’il sait pertinemment incapable de l’assumer.
Il est irrespectueux que les partenaires associatifs qui se battent depuis des années en faveur des Héraultais-es et s’occupent pour la plupart des précaires découvrent dans un média régional que leurs subventions seront prochainement diminuées voire non renouvelées, ce qui aura pour conséquence automatique des licenciements et une perte des solidarités sociales de proximité.
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les élus de la majorité départementale, plutôt que de faire porter la responsabilité des difficultés actuelles aux personnels de la collectivité et/ou aux Héraultais-es, il eût été plus sage de remettre en question les millions d’euros engloutis dans des politiques « volontaristes » ne relevant de la compétence départementale, de s’engager dans de nouveaux grands projets démesurés ou encore dans le soutien à des clubs sportifs détenus par des milliardaires ou millionnaires.
Par le passé, les agents de la collectivité ont montré leur résilience et leur capacité à surmonter les épreuves. Mais jamais en étant les otages d’enjeux politiciens qui ne leur appartenaient pas.
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les élus de la majorité départementale, ces déclarations médiatiques, depuis prolongées par celles du Préfet, relèvent de notre point de vue d’une hypocrisie politique vis-à-vis des héraultais-es et des agent-es du département. Si ces derniers sont prêts à se battre aux côtés de l’exécutif cela ne peut qu’être dans le respect partagé du service public pour lequel nous œuvrons au quotidien.
Lors de l’assemblée départementale du 18 novembre dernier, vous avez cru bon une nouvelle fois de placer les agentes ISCG du département comme le nœud du problème en amalgamant les besoins qui seraient supposément ceux de l’Etat et la quête de qualité de l’accueil, du suivi et de l’accompagnement des situations de violences conjugales par le service social départemental. Lors de cette séance vous avez su faire face à l’extrême droite et défendre le sort des sauveteurs en méditerranée mettant en avant leur humanité comment est-il possible de ne voir qu’une question comptable lorsqu’il s’agit de prévenir et d’accompagner les victimes de violences conjugales, violences qui tuent chaque semaine…
Enfin était-il nécessaire de tacler les organisations syndicales représentatives en indiquant que nous n’étions pas assez informés de la situation budgétaire de la collectivité et des mesures déjà en œuvre ? En effet Monsieur Le Président, bon nombre d’informations qui nous sont transmises de manière parcellaire, ne sont que le reflet de la considération que vous portez au dialogue social depuis que vous présidez le conseil départemental.
Dans le respect de ce que nous sommes, des fonctionnaires tout entiers dévoués à nos missions et ensemble, nous pouvons y parvenir. Vous seuls, de plus contre nous, n’y parviendrez pas.
Notre organisation syndicale se tient à votre disposition.
Dans l’attente recevez, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs de l’exécutif, l’expression de notre considération.
Pour la FSU Territoriale de l’Hérault
Le Secrétariat général
S. Urbin & E. Samson