Territoriaux Snuclias

Paris 

Accompagner les migrants jusqu’au bus » :
nouvelle mission demandée aux Travailleurs Sociaux

Le 08/06/2015

Mardi 2 juin 2015 la préfecture de Police (avec le soutien de la mairie de Paris, d’Emmaüs et de France Terre d’Asile) a évacué un camp de migrants situé au métro la Chapelle. Environ 350 personnes vivaient dans ce camp depuis plusieurs mois.
Cette évacuation a été motivée, d’après la Préfecture de Police, par des risques sanitaires. Les directions de la DASES et du CASVP ont recruté des volontaires travailleurs sociaux au sein des SSDP pour « rassurer les migrants et les accompagner jusqu’aux bus » avec la Préfecture de Police à 6 heures 30 le lendemain. Quelques travailleurs sociaux des SSDP ont accepté de participer. Aucune précision sur le devenir de ses familles n’a été donnée alors qu’un diagnostic avait été fait par les services de la mairie une semaine auparavant si l’on en croit les informations diffusées dans les médias.

Le 4 juin, 6 travailleurs sociaux sont à nouveau sollicités pour effectuer une évaluation sociale. Ils apprennent que les services de l’Etat ont été chargés d’évaluer les situations des isolés et que ceux du département doivent évaluer les situations des 12 familles hébergées en hôtel avec deux objectifs :
 évaluer d’éventuels éléments de protection de l’enfance qui justifieraient une prise en charge à l’hôtel dans le cadre du RDAS,
 le projet d’un retour au pays de la famille.
L’association Emmaüs prête ses locaux (ESI famille dans le 15è) le vendredi 5 juin afin que cette évaluation soit faite en présence des sous-directeurs du CASVP et de la DASES.

Le Parisien titre : « Les forces de l’ordre accompagnés de travailleurs sociaux de la Ville de Paris (…) ont procédé au démantèlement de ce campement… ». Les 2,4 millions de lecteurs quotidien du Parisien pourront maintenant assimiler les travailleurs sociaux à la Police : de quoi faciliter la relation de confiance avec les travailleurs sociaux parisiens !
Nous sommes indignés du rôle assigné aux travailleurs sociaux, totalement en opposition avec nos missions, notre identité et notre éthique professionnelle.
Pouvons-nous servir de caution morale aux services de police dans une opération qui pourrait avoir comme conséquence la reconduite à la frontière d’une partie des migrants concernés ?
Depuis quand les services sociaux travaillent-ils main dans la main avec les services de police ?
Irons-nous bientôt avec les CRS expulser les gens en les rassurant sur le fait que nous allons faire une demande de SIAO ?
Notre déontologie ne nous empêche-t-elle pas de répondre à des commandes dont nous ne saisissons pas les tenants et aboutissants, et qui pourraient nuire à l’intérêt des personnes ?
Où s’arrêteront les appels à « volontariat » des travailleurs sociaux sur des tâches qui relèvent d’autres services, institutions ou professions, et qui nécessiteraient la création de postes, la mise en œuvre de réels moyens ?
S’agissant des 12 familles : ne peut-on pas considérer que le parcours de ces enfants, arrivés d’Erythrée ou du Soudan dans des conditions d’extrême difficulté, ayant vécu dans un campement dont ils ont été évacués ne justifie pas à lui seul un hébergement au titre de la protection de l’enfance ?

Version imprimable de cet article Version imprimable