Les textes réglementaires (liens ci-dessous) reformant les diplômes de niveau II du travail social (Diplômes d’Etat d’éducateur spécialisé, assistant de service social, éducateur de jeunes enfants, éducateurs technique spécialisé et conseillers en économie sociale et familiales) sont parus le 22 aout 2018, à quelques jours de la rentrée qui accueillera les premiers étudiants futurs titulaires des diplômes réformés.
La réforme des diplômes entrera donc en vigueur pour la promotion 2018-2021 (2020-2021 pour les CESF).
Les textes prévoient la reconnaissance au niveau II (licence) des DEASS, DEES, DEJE, DECESF, DETS dès 2021 et ce sans rétroactivité : comme prévu, seuls seront reconnus au niveau II les titulaires du diplôme réformé obtenu à compter de 2021.
La publication tardive de ces textes (fin août, pour une entrée en vigueur concrète en septembre) interroge et inquiète. En effet, comment préparer efficacement les étudiants à l’obtention d’un diplôme avec des informations délivrées au dernier moment ? Certains ne manqueront pas de se rappeler de la réforme du DEASS de 2004 : les textes étaient parus pendant l’été et les centres de formation avaient navigué à vue, aboutissant à un taux d’échec record !
Les textes parus fixent notamment:
– Les épreuves de certification
Pour l’ensemble des diplômes, la formation compte 4 domaines de certifications à valider pour l’obtention du diplôme. Chacun de ces domaines est validé séparément par l’obtention d’une note minimale de 10/20. Les domaines de compétences 3 et 4 sont considérés acquis pour les titulaires du DEASS, DEES, DEJE, DECESF, DETS qui n’auront donc pas à les passer s’ils souhaitent passer un autre diplôme (ex : un titulaire du diplôme d’état d’assistant de service social est considéré comme ayant validé les domaines de compétences 3 et 4 s’il entreprend une formation d’éducateur de jeunes enfants).
Le contenu des épreuves de certification est détaillé plus bas.
– Les stages.
Trois périodes de stage dont un premier stage de 8 semaines sont prévus pour les étudiants ES, ASS, EJE et ETS. Une première période de stage de 8 semaines est prévue pour l’ensemble des DE (hors CESF) : ce premier stage peut être divisé en deux et réalisé sur deux sites qualifiants.
Les deux anciens stages longs sont remplacés par deux périodes de stage (d’une durée totale de 44 semaines pour les ASS, 48 semaines pour les ETS et 52 semaines pour les ES et EJE) qui peuvent être réalisées sur 2 ou 3 sites qualifiants. Il sera donc possible de diviser l’ensemble des périodes de stage et de cumuler jusqu’à 8 sites qualifiants en 3 ans ! Une aubaine qui ne manquera pas de résoudre le problème de la gratification des stages de plus de 2 mois en réduisant les périodes de stage sur un même site ! Les Assistants de Service Sociaux – dont la durée totale de stage est la moins longue – pourront ainsi faire plusieurs stages inférieurs à 8 semaines : outre le fait qu’ils n’ouvriront pas droit à rémunération, on peut se questionner sur l’évaluation des stagiaires par les référents professionnels et sur leur expérience de l’accompagnement sur de si courtes périodes.
– Le socle commun :
Les textes fixent également le périmètre du socle commun de connaissances et compétences aux diplômes de niveau II. Il est défini comme suit :
Compétences partagées :
– accueillir, favoriser l’expression et l’autonomie des personnes ;
– analyser la demande et les besoins ;
– évaluer une situation ;
– concevoir un projet ;
– concevoir une intervention ;
– évaluer, ajuster son action ;
– mobiliser les ressources de la personne et favoriser sa participation ;
– accompagner une personne ;
– favoriser l’accès aux droits.
Connaissances communes :
– histoire du travail social et des métiers ;
– éthique et valeurs en travail social ;
– connaissances des publics ;
– initiation à la démarche de recherche ;
– accès aux droits ;
– participation et citoyenneté des personnes accompagnées.
Il est précisé que ces connaissances communes donnent lieu à allègement de formation.
En l’état, les textes parus laissent encore la part belle à l’interprétation qu’en feront les centres de formation et aux moyens qu’ils ont, ou non, de mettre en œuvre certaines volontés de la réforme (comme la possibilité d’un tronc commun aux différents diplômes).
Cette réforme inquiète, à l’image des politiques publiques qui tendent, depuis plusieurs années, à priver le travail social de son sens. La publication tardive de ces textes illustre bien par ailleurs toute la considération portée aux (futurs) travailleurs sociaux !
Nous souhaitons donc bon courage aux étudiants qui, à quelques jours de la rentrée, s’apprêtent à s’engager dans la voie du travail social !